Interview... Les Sciences spatiales, piliers du développement socio-économique de l’Afrique ?

Invité ce 21 janvier par l'émission Matin Bonheur de la Radio et Télévision ivoirienne, le Dr Ouattara a répondu aux questions de 2 journalistes pour présenter quelques éléments du développement de ces sciences en Afrique et en Côte d'Ivoire.  


Le plateau de Matin-Bonheur


Un secteur déjà moteur de l’Économie, même en Afrique

Pour le Dr Ouattara, avec par exemple la télévision, la communication par satellite, les technologies mobiles, la localisation par GPS, les sciences spatiales sont déjà dans notre quotidien et au cœur du développement socioéconomique de tous les pays. 

Parler des sciences spatiales revient à parler de technologies pour acquérir les données, les informations, les traiter, les restituer. Ces technologies sont vitales, notamment dans le contexte actuel. Et leurs retombées représentent un poids économique important et croissant. 

En Côte d'Ivoire la production de Café et le Cacao pourrait anticiper les marchés et s’y adapter, les pêcheurs repérer les bancs de poissons et travailler plus en sécurité en mer, les inondations pourraient être prévues, et leurs conséquences réduites ou atténuées.  

Le rôle important de l’Etat 

En réponse aux questions des journalistes, le Dr Ouattara explique que potentialiser l'usage des sciences spatiales en Côte d'Ivoire demande sans doute de plus de coordination, par exemple en termes de d'observation de la terre, de communication par satellite, de localisation par GPS. Une gouvernance plus incitative permettrait de mieux tirer profit des investissements en la matière. 

Le rôle de l'Etat est important. En effet, la Côte d’Ivoire comme de nombreux autres pays se dotent ou souhaite se doter d'institutions capables de traiter ces questions spatiales. Toutefois, les investissements de l’Etat pourraient être consolidés pour éviter les duplications, orienter la formation, élaborer des lois, des politiques, participer à des débats internationaux, optimiser l'usage des ressources.  Des innovations sont expérimentées dans l'Espace. Le secteur privé, les systèmes académiques, sont aux avants postes des transformations en cours et à venir. 

L’Appropriation : un facteur clé dans ce processus

Le Dr Ouattara indique que c'est un volet important du Programme Spatial Africain (mis en œuvre au niveau de la Commission de l’Union Africaine) : informer, sensibiliser les gouvernements des 55 pays Africains, les encourager à embrasser les sciences spatiales, à se préparer, se structurer, mutualiser des ressources compte tenu des coûts de ces technologies.  Il y a actuellement 5 pays africains avancés en la matière, l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Egypte, le Nigeria, le Maroc. 

Les pays francophones sont en retrait par rapport aux pays anglophones. Le Dr Ouattara explique qu'il caresse le rêve que la Cote d'Ivoire puisse se hisser dans ce peloton de tête avec l'aide par exemple du CNES, l'agence française de l'Espace. Un souhait que les autorités ivoiriennes semblent partager, d'autant que ce secteur contribuerait significativement au développement du pays. 

Les facteurs gagnants : Miniaturisation, collaboration, renforcement des capacités

Jusqu'en 2005, les budgets étaient très importants, pratiquement hors de portée des économies des pays en développement. Mais nous sommes maintenant entrés dans le « new space », et le développement de petits satellites, des "nano" satellites, se multiplie. Caractéristiques fondamentales, ils coûtent bien moins cher que leurs aînés et peuvent être construits à moindre frais par des équipes réduites.  

Par exemple, en 2017, avec le soutien de l'Agence japonaise d'exploration aérospatiale (JAXA), 3 étudiants de l'université All Nations de Koforidua au Ghana ont développé GhanaSat-1, qui a par la suite été envoyé en orbite par SpaceX. Si le coût total du projet a été de 500,000 USD, le développement du satellite n'a coûté "que" 50,000 USD.

Le propos du Dr Ouattara est de montrer qu'un investissement même limité peut ensuite déclencher d'autres mécanismes de financement et d'atteindre l'objectif escompté. Il ajoute qu'il y a aussi des satellites existants orbitant la Terre qui peuvent être utilisés, bien entendu après négociations avec les propriétaires de ces satellites.  

Et la Côte d’Ivoire ?

La Côte d'Ivoire se doit d'investir dans ces domaines afin de se bâtir une capacité nationale, même si l'autonomie à 100% ne pourra pas atteinte immédiatement. C’est une question de fierté (et de souveraineté) nationale. Ces investissements permettraient par exemple à la Côte d'Ivoire de connaitre et d'inventorier ses ressources naturelles. 

A la journaliste qui lui pose la question de son retour dans le pays pour y déployer son expertise, le Dr Ouattara qui a travaillé 20 ans au Canada et coordonne depuis 5 ans à l'Union Africaine le programme panafricain GMES et l'Afrique, explique qu'il est heureux de travailler à la mise en place réussie du Programme, et à ses suites. Il confesse également qu'à terme c'est une option qu'il envisage et qu'il en discute avec les autorités compétentes. 

Il termine en insistant sur l’importance de se doter d’une bonne gouvernance et de bâtir sur l'existant, un socle à partir duquel pourra être développé une politique spatiale, un programme, des actions.   


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